Quand « Rentrée scolaire » rime avec « Phobie scolaire »

Ça y est c’est « La rentrée », bien souvent synonyme d’un accroissement de l’anxiété, ce qui est une réaction bien souvent habituelle face à un changement qui s’annonce.

Il y a une catégorie d’enfants qui, pour de nombreuses raisons, bien souvent inexpliquées, vivent cela comme si nous leur demandions d’escalader un mur sans équipements et sans filet de protection pour les réceptionner en cas d’échec, ce qui fait paraître ce mur infranchissable. Nous nommons ce mal « Phobie scolaire » ou « Troubles anxieux scolaire ».

Il ne s’agit plus de tout simplement sortir de sa zone de confort pour trouver les ressources pour avancer, mais de réactions physiques instantanées, d’angoisses insurmontables, de crise de tétanie, l’impossibilité de mettre un pied devant l’autre.

Les premières réactions des adultes et enfants qui les entourent sont :

« On passe tous par là, ça passera aussi » – « Il fait semblant car il n’aime pas l’école » – « C’est du cinéma, il suffit de les forcer »…

Et je vous réponds « Non », non cela ne se passe pas comme pour les autres, car les rentrées, pour les familles concernées, sont bien souvent tout aussi angoissantes pour les parents, tout simplement du fait de la société, qui aujourd’hui a encore énormément de chemin à faire quant à la tolérance de la différence.

La vie des parents bascule et le parcours du combattant se met en place…

Bien souvent les parents se heurtent à l’incompréhension de directeurs, d’enseignants, même des services de santé au sein des établissements scolaires, qui, démunis face aux enfants concernés par ce mal, préfèrent accuser les parents au lieu de remettre en question leurs savoirs ancestraux.

Malheureusement l’Education Nationale ne communique pas sur le sujet, malgré que la « Phobie scolaire » soit reconnue par leur service.

Car les enfants passent bien souvent par une déscolarisation, il est à ce moment possible de faire une demande de CNED réglementée, c’est-à-dire que l’Education Nationale prenne en charge le coût des cours à distance, et pourtant…

L’obtention de l’accord de l’inspection académique demande une patience hors norme de la part des parents, des justificatifs en tout genre, de nombreux rendez-vous entre médecins, psychologues, pédopsychiatres, de questions bien souvent impertinentes, blessantes, pleines de jugements négatifs, alors que les parents souffrent autant que leurs enfants. En effet, des familles éclatent, les situations professionnelles se compliquent car les absences augmentent. Sous la pression de la société, les personnes compréhensives se font très rares, même dans l’entourage proche. Chacun y va de son avis alors qu’ils sont bien loin de réaliser la portée de ce mal.

Des enfants ne s’en remettent pas, ils se considèrent comme des poids et la source des problèmes que rencontre la famille, ils fuient la vie en pensant soulager les personnes qui les entourent, l’effet est souvent tout le contraire.

Notre seul secours est qu’ils bénéficient  d’une écoute et d’une volonté des directeurs d’établissement et du corps enseignant, en sachant que trouver une harmonie entre ces deux pôles est rare.

La vie des parents concernés ressemble à un chemin long et sinueux, un parcours du combattant, où ils doivent :

  • Chercher et trouver par eux-mêmes des solutions pour leur enfant, en sachant que chaque cas est particulier, que les origines de ce trouble sont si nombreuses et bien souvent inexplicables,

  • Se dépasser pour ne pas abandonner face à l’adversité,

  • Faire face au dénigrement, au jugement facile, à l’incompréhension, au fait que s’adapter à un enfant dans ce cas est une demande que de nombreux établissements refusent,

  • Passer de spécialistes en spécialistes afin de trouver celui ou celle qui correspond à l’enfant,

  • Perdre espoir,

  • Voir son enfant être au plus mal, et, comme seul secours, le prendre dans leurs bras et pleurer avec lui, car ils ne savent pas quoi faire d’autre pour lui venir en aide,

  • Découvrir le monde associatif, qui lui réagit depuis un moment,

  • Découvrir qu’ils ne sont pas si seuls que ça,

  • Découvrir des oreilles attentives où le jugement n’a pas sa place,

  • Découvrir qu’il existe des solutions,

  • Découvrir qu’il n’y a pas de « remède miracle » mais que de nombreuses perspectives s’offrent à eux…

Et puis il y a cette lueur d’espoir, celle que vous n’attendez plus, pour ma part cela a été une femme, une directrice d’établissement, je me souviens de ce jour où, avant d’appeler cet établissement, je prépare ma « tirade » pour expliquer la phobie scolaire, et là, c’est elle qui me l’explique. J’aurais aimé la prendre dans mes bras mais je pense qu’elle m’aurait prise pour une folle, je raccroche avec une date pour la rencontrer. Elle nous reçoit mon fils et moi, lui parle, le respecte, lui donne une chance à laquelle nous ne croyions plus, il a eu la même sensation que moi en sortant de son bureau, est-ce bien réel ? Trop beau pour être vrai !!!

Et oui, demain il fait sa rentrée, nous sommes conscients que cela ne sera pas toujours aussi fluide que nous le souhaiterions mais nous ne sommes plus seuls à en être conscient.

Si j’ai un message à passer aux parents, aux enfants concernés, vous avez le droit de perdre espoir, vous avez le droit de ne pas savoir, vous avez le droit de vous sentir démuni, vous avez le droit d’abandonner, cela fait partie de votre parcours, vous allez en sortir, grandir, riche d’un nouveau savoir, de rencontres faites liées à votre situation.

Gardez ESPOIR, ces enfants sont dotés de ressources remarquables.

Je vous invite à visiter le site http://www.phobie-scolaire.org/, l’association Phobie Scolaire est une association de parents qui vise :

1) A informer et aider les familles concernées sur tout le territoire,

2) A réfléchir/interagir avec les professionnels de l’éducation et de la santé.

Vous y trouverez également de nombreux articles sur le sujet, et également un groupe Facebook qui vous permettra d’échanger avec d’autres parents dans la même situation.

Si vous connaissez une personne concernée par ce sujet transmettez lui l’information, il est capital de réagir rapidement, vous avez également la possibilité de soutenir l’association en adhérant ou en envoyant un don.

Christelle Schnitzler – Accompagnement au changement

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